Vendredi 16 septembre 2022 - 14:00
Résumé
Ngazidja (Grande Comore) est situé dans l’archipel des Comores situé entre Madagascar et la côte est africaine. Cette zone fut occupée par français de 1886 à 1975. Notre étude s’est accès sur les réactions des Comoriens face à la domination française dans l’île. Tout au long de la présence française, les colons ont été bousculés par les résistances des comoriens. De multiples voi(e)x de protestations anticoloniales ont traversé toute cette période. Les pratiques étaient porteuses de dynamiques et révélaient les dualités entre colons et colonisés. Les chants plus particulièrement animaient les relations de pouvoir, qu’ils légitimaient ou déconstruisaient. Chanter n’est pas un acte anodin à Ngazidja. C’est un geste politique. Le chant est certes apprécié pour sa poésie, néanmoins il est le miroir de son temps. Il manifestait les ruptures et les continuités des relations. Au lendemain de la chute des sultans, il célébrait ceux qui avaient combattus l’envahisseur et condamnaient les collaborateurs des Français. La parole chantée était aussi un temps de remise en cause du système colonial. Elle hissait les héros, tournait en dérision et condamnait les colons. Les chants produits à travers le champ coutumier révélaient également, le paradoxe des rapports entre dominants et dominés. Des duels chantés émanaient dans ce champ. Les critiques véhiculées dans ce contexte ne pouvaient être réprimées par le pouvoir. De ce fait, de nombreux chants protestataires résonnaient dans cet espace. La fin des années 1960 marqua un tournant dans la vie politique locale. Le décloisonnement de l’archipel, grâce aux Comoriens de l’extérieur insuffla un nouveau souffle à la protestation contre la domination française. Les organisations indépendantistes, telles que le MO.LI.NA.CO, ouvrirent la voie à la libération. La jeunesse portait l’étendard de la résistance. Celle-ci déserta du champ coutumier et inventa de nouvelles scènes d’expressions. A cette période, les manifestations protestataires étaient de plus fréquentes. Le verbe indépendantiste envahit la Grande Comore mobilisant la jeunesse, dont les scolarisée et les populations oubliées par les autorités locales. Chanter sera un espace de liberté d’expression, jusqu’à l’indépendance.
Jury
M. Jean-Bernard Ouédraogo (Directeur de thèse), EHESS
M. Damir Ben Ali, Université des Comores
M. Abel Kouvouama, Université de Pau et des Pays de l’Adour
Mme Cécile Leguy, Université Sorbonne Nouvelle
M. Léon Tsambu Bulu, Université de Kinshasa