Résumé
La thèse analyse le secteur électrique au Brésil, en prenant pour objet l’indigénisme en tant qu’ensemble d’idéaux concernant la place des peuples autochtones dans la nation, ainsi que les politiques indigénistes, soit, les actes effectifs concernant les peuples autochtones. Pour cela, elle reconstruit la genèse de l’entrée de l’indigénisme dans ce secteur économique, examine le cadre institutionnel et juridique des contraintes économiques, sociales et environnementales et se penche sur les motivations de différents acteurs et le rôle des courtiers interéthniques. Cette approche repose sur une enquête, conduite depuis l’intérieur d’un appareil d’État de soutien au planning énergétique, sur la production de documents qui mettent en perspective les visions de ce secteur et celles des indigénistes. Au Brésil, l’histoire nous conduit des études pionnières d’anthropologues universitaires qui répondent à la demande du secteur de l’électricité, tout en manifestant un engagement pro-indien, jusqu’aux réglementations contemporaines de leur activité, lorsqu’ils sont directement engagés par l’entreprise, comme free-lanceurs. La thèse éclaire les faisceaux de relations entre chercheurs, appareil indigéniste et industrie. L’analyse du programme Waimiri-Atroari (PWA), un cas emblématique de la problématique, conduit à interroger la manière dont les courants de l’indigénisme (missionnaire, universitaire et militaire rondonien) considèrent les peuples autochtones et prennent position vis à vis des industries. La thèse montre comment, sous la pression des acteurs nationaux et internationaux, une grande entreprise du secteur électrique va recourir à la connaissance coloniale dans la tradition sertanista pour mettre en oeuvre des politiques de santé, d’éducation, d’économie et de protection du territoire. Au cœur de ces politiques qui se développent sur un même territoire, depuis 1987, on assiste à un processus de consécration du PWA en s’appuyant sur la métaphore religieuse de la « renaissance » de ce peuple, mise au crédit du secteur eléctrique. Cela conduit à soulever, tant du côté des anthropologues que des missionnaires, une série de questionnements sur la tutelle de l’entreprise qui dépolitise ce peuple et contrôle son territoire et son destin. Ainsi, en partant de l’hypothèse de l’hétérogénéité des indigénismes et des politiques du secteur électrique, la thèse parvient à la conclusion que ce secteur économique est devenu un espace de dispute du champ indigéniste.
Jury
Mme Irène Bellier (Directrice de thèse), CNRS
Mme Maria Barroso (Directrice de thèse), Universidade Federal do Rio de Janeiro - UFRJ
Mme Claudia Damasceno Fonseca, EHESS
M. David Dumoulin, Université Sorbonne Nouvelle
M. Antonio Carlos de Souza Lima, Musée national UFRJ
Mme Fabienne Wateau, CNRS
Informations pratiques
Date(s)
Lundi 22 juin 2020 - 14:00
Lieu(x)
Visioconférence