Résumé
Cette thèse s’intéresse à la construction politique des conflits environnementaux liés au traitement des déchets, à la gestion des risques industriels et des pollutions. La recherche s’interroge sur les usages politiques du danger, c’est-à-dire sur les processus à l’aide desquels les puissants, hommes politiques, firmes multinationales, représentants de l’État ou leaders associatifs, peuvent à la fois combattre les menaces environnementales, mais aussi les produire de par leurs décisions, les amplifier de par leurs absences de décisions, ou encore les occulter et les instrumentaliser. Pour chercher des éléments de réponse, une enquête de terrain a été réalisée de fin 2004 à fin 2007 dans la zone industrielle de Fos-sur-Mer, où toutes ces menaces se trouvent cristallisées autour d’un conflit particulièrement politisé, celui portant sur la réalisation d’un incinérateur à Fos-sur-Mer par la Communauté Urbaine de Marseille. Malgré une quarantaine d’actions en justice intentées contre lui, l’incinérateur est entré en service en 2010 au terme d’une vingtaine d’années de luttes, d’avancées, de reculs et de multiples rebondissements. La thèse cherche à décrypter l’influence des jeux de pouvoirs sur le conflit : guerre commerciale des majors du déchet, tactiques des leaders associatifs, rivalités politiques, revirements électoraux, scandales nationaux, réseaux d’influence, soupçons de corruption, etc. Elle prend alors pour objet les détraquements du politique qui finissent par former de véritables politiques du détraquement.
Sous la direction de Marc Abélès.
Soutenue en 2012
à Paris, EHESS