Résumé
Cette thèse est une étude comparative recourant à des méthodologies quantitatives et qualitatives pour explorer la relation entre alimentation et identité en France et aux États-Unis. Elle s’appuie en particulier sur deux notions théoriques : discours et récit. Dans la première partie, nous identifions et analysons un discours gastronomique en France et un discours nutritionnel aux États-Unis à partir de données collectées au cours de deux séries de questions ouvertes concernant le « eating well » aux États-Unis et le « bien manger » en France. Ces questions faisaient partie d’un questionnaire semi-structuré soumis par téléphone à 167 Américains et 176 Français. Dans cette partie, nous analysons également la façon dont ces discours sont liés à des représentations dominantes de soi et de l’autre et, ainsi, à la construction et au maintien d’identités nationales. Dans la deuxième partie de la thèse, nous explorons la manière dont on vit, s’approprie ou rejette ces discours et représentations au niveau du quotidien et des relations interpersonnelles au sein de couples franco-américains. Notre analyse se fonde sur une série d’entretiens approfondis auprès de 12 couples franco-américains de classe moyenne et supérieure vivant soit en France, soit aux États-Unis. Elle s’inspire des travaux de Paul Ricœur sur le récit pour étudier les récits de transformation proposés par les épouses de ces couples autour de la question alimentaire. Bien que toutes ces femmes évoquent une même adhésion au modèle alimentaire français, leurs récits, et donc leurs propres sentiments d’identité, sont profondément affectés par le contexte national dans lequel elles s’expriment, et donc par les discours alimentaires identifiés dans la première partie. En conclusion de la thèse, nous considérons la façon dont les questions alimentaires, morales et politiques s’imbriquent dans les constructions identitaires.
Sous la direction de Claude Fischler.
Soutenue en 2012
à Paris, EHESS