Résumé
Dans cette thèse, j’ai pris pour objet ce que signifie « être une femme en surpoids » en France, en Allemagne et en Angleterre. J’ai réalisé 86 entretiens semi-directifs de femmes étiquetées « en surpoids » ou « obèses » selon l’Indice de Masse Corporelle dans les trois pays étudiés ; ainsi qu’une dizaine d’entretiens d’hommes et une quinzaine d’entretiens de praticiens français. Je me suis appuyée sur un questionnaire transmis par le biais d’internet dans ces trois pays. La recension et l’analyse extensive d’articles scientifiques a complété ces données. Dans une première partie, je me suis attachée à décrire ce que sont le « surpoids » et l’« obésité » ainsi que les controverses qui les sous-tendent dans l’arène scientifique et qui portent autant sur l’IMC et la définition des seuils pondéraux que sur la corrélation établie entre corpulence et mauvaise santé. Dans une deuxième partie, j’ai analysé le vécu quotidien des étiquetées, qui ont mis en place des stratégies d’autocensure pour respecter les règles de visibilité et d’invisibilité sociales acquises du fait des stigmatisations et des discriminations subies dans la sphère privée, professionnelle et médicale, mais aussi dans l’espace public. Dans une troisième partie, j’ai dégagé les conséquences des représentations et comportements stigmatisants sur les pratiques alimentaires des femmes désignées comme « mauvaises mangeuses ». Dans une dernière partie, j’ai rappelé que si les représentations corporelles subjectives et l’expérience pratique quotidienne du poids sont façonnées par les processus de stigmatisation, les enquêtées peuvent aussi se réapproprier leur corpulence, individuellement ou collectivement.
Sous la direction de Claude Fischler.
Soutenue en 2015
à Paris, EHESS
Le jury : Eva Barlösius, Thierry Pillon, Georges Vigarello.
Les rapporteurs : Christine Détrez, Jean-Pierre Poulain.