Résumé
Cette thèse s’intéresse conjointement à la biologie de la reproduction humaine et de l’infertilité ainsi qu’à la recherche fondamentale sur les cellules souches. Y sont considérés la conception d’embryons humains en laboratoires, leur culture, leur sélection, leur don à la recherche, leur dérivation en lignées et leurs utilisations expérimentales. Réalisant une ethnographie multi-située en Inde et en France et jouant sur le double sens du mot "culture" - la culture biologique des cellules et la culture au sens de l’anthropologie sociale - ce travail interroge comment une rationalité technoscientifique globale s’entremêle à des problèmatiques locales au sein desquelles corporéité et vie humaine sont dotées de statuts multiples, orientant jusqu’à nos relations avec d’autres espèces animales. Parenté, bioéthique, normes juridiques, économie et religion sont les différents aspects étudiés à partir d’une analyse des techniques de laboratoires. A l’aide de ce cadre analytique, les laboratoires indiens apparaissent comme des sites promoteurs de l’innovation dans un cadre pragmatique, bien qu’instables dans leurs normes et standards , du fait d’une faible régulation publique. Les débats de bioéthique concernent le statut et le rôle de l’objectivation dans la relation thérapeutique et commerciale ainsi que dans la communauté scientifique globale. Les laboratoires français apparaissent comme des sites fermement régulés dans un pays très précautionneux vis-àvis des innovations biotechnologiques qui sont considérés comme recelant un risque de réification et de commemrcialisation des éléments du corps humain. Les entités embryonnaires humaines sont particulièrement protégées par les institutions publiques selon un modèle ontologique.
Sous la direction de Enric Porqueres i Gené et de René Frydman.
Soutenue en 2015
à Paris, EHESS