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Laëtitia Delamare - La bipolarité de la société serbe : héritage, essence ou illusion ? : les manifestations belgradoises 1991-2008

par Chrystèle Guilloteau - publié le

Résumé

Éclatement de la Yougoslavie, réformes des systèmes social et politique, contexte du passage d’un monde bipolaire à un monde multipolaire : au début des années 1990, la Serbie est confrontée à une crise économique, morale et institutionnelle. Avec la fin de la République socialiste fédérative yougoslave, c’est l’identité yougoslave qui disparaît. Les intellectuels serbes doivent alors s’atteler à la tâche d’une (re)définition de l’identité serbe. Deux voies se dessinent : celle des intellectuels nationalistes qui promeuvent une vision traditionnelle et celle que l’on pourrait qualifier de libérale, tournée vers une modernisation de la société. Or, dans ces deux types de discours, c’est une même grille de lecture qui est appliquée : celle d’une analyse bipolaire de la société serbe qui amène à penser deux identités serbes opposées et incompatibles. La thèse recherche tout d’abord les causes qui peuvent expliquer la naissance et la portée d’un tel discours manichéen, de plus en plus répandu dans un monde en pleine crise identitaire. Si la vision bipolaire n’est pas l’apanage de la société serbe, cette dualité présente ici une originalité. Comme l’écrit l’anthropologue Slobodan Naumović : « la Serbie “autochtone”, “authentique”, “historique”, “patriotique”, “nationale” mais aussi “céleste” et “orthodoxe” [fait] face à la Serbie “antinationaliste”, “pacifiste”, “moderne”, “européenne”, “cosmopolite”, “civile” et “libérale”. » L’opposition se cristallise au point de générer une entité quasi-ethnique connue sous le nom de « Druga Srbija », terme que l’on peut traduire par « Autre » ou « Deuxième » Serbie. Engagée dans la lutte contre Milošević dans les années 1990, la « Druga Srbija » a dû redéfinir son projet après la chute de ce dernier en octobre 2000. Dans une société qu’elle juge archaïque et inapte au changement, la « Druga Srbija » s’est depuis présentée comme la seule chance de permettre à la Serbie ̶ plongée dans la crise économique, bloquée aux portes de l’Union européenne ̶ d’accéder à la modernité.

Sous la direction de Jean-François Gossiaux.

Soutenue en 2016

à Paris, EHESS .