Contrat avec la Fondation des Services funéraires de la ville de Paris, CEM/IIAC, Claudine Attias-Donfut et Sophie Bobbé
Dès la moitié du XXe siècle, la mutation des représentations de la mort a été soulignée (Edgar Morin, 1951). Elle s’accompagne de changements à l’égard des rituels funéraires en général, portant sur des points spécifiques dont les modes d’inhumation, le choix du lieu de sépulture, l’anticipation des obsèques décidée par l’intéressé(e) seul(e) ou en concertation avec les proches, l’organisation de la cérémonie… Cette mutation résulte certes de l’allongement spectaculaire de l’espérance de vie et des progrès de la technologie médicale mais aussi et surtout d’un profond changement des mentalités, dans le rapport à soi (individualisation) et à autrui (filiation, souvenirs). Toutefois cette mutation affecte inégalement l’ensemble des populations. Ainsi les membres de communautés migrantes d’origines diverses (notamment Asie du Sud-Est) revendiquant leur religion bouddhiste ou hindouiste ne semblent pas affectés par cette mutation. Très normés, assumés par l’ensemble de la communauté, les rituels funéraires ne sont jamais pensés sur le mode individuel mais considérés comme relevant de la responsabilité des proches – il n’est pas envisageable d’anticiper sur sa propre mort (en souscrivant à un contrat obsèques par exemple). Reste toutefois à saisir si cette résistance tient à la dimension communautaire de ces populations migrantes ou à la religion concernée.