Portée sur les fonts baptismaux par une hypothèse sensationnelle qui laissait augurer la découverte d’une écriture néolithique, la mission franco-belge Métraux-Lavachery à l’île de Pâques tint toutes ses promesses, mais d’une façon inattendue qui mit en déroute ses parrains en ce qu’elle les désavoua. Alfred Métraux et Henri Lavachery accostèrent fin juillet 1934 dans un lieu lourdement chargé d’histoires, indigène, coloniale, scientifique, qui s’enchevêtraient étroitement pour conférer à l’île de Pâques le statut de paradis perdu, a fortiori pour des ethnologues avides de pureté culturelle, d’authenticité inviolée. En 1934, les deux savants eurent affaire à une société déjà très ethnologisée, un « vieil os rongé » (Métraux) qui mettait au défi l’impératif de sauvetage ethnographique à la racine de toute mission ethnographique dans ces premières décennies du XXe siècle