2e vendredi du mois de 9 h à 13 h (CEAf, salle de réunion, 2e étage, 96 bd Raspail 75006 Paris), du 9 novembre 2012 au 12 avril 2013. La séance du 9 novembre est annulée. Séance supplémentaire le 17 mai (même heure, même salle)
Ce séminaire mensuel portera sur les grands axes de recherche de l’équipe « Mondes sociaux de la guerre, de l’exil et de l’humanitaire » du Centre d’études africaines (CEAf), qui ont trait aux transformations des sociétés dans et par la guerre ou la violence. Aussi bien les mobilisations et les mobilités des groupes et des individus (groupes armés, « victimes », réfugiés, exilés), que les politiques humanitaires et sécuritaires mises en œuvre pour « gérer » ces situations seront prises en compte. Les séances organisées par des chercheurs de l’équipe aborderont ces questions dans une perspective pluridisciplinaire où les résultats des enquêtes menées en Afrique, en Europe ou au Moyen-Orient seront conjuguées aux perspectives théoriques qui les ont balisés ou qu’ils ouvrent à leur tour.
Séance du 14 décembre : « Introduction au séminaire », séance coordonnée par M. Debos et H. Thiollet, avec G. Scalettaris
Lors de cette séance, après un tour de table de présentation de l’équipe et de l’auditoire, Marielle Debos et Hélène Thiollet introduiront dans un premier temps les principales thématiques du séminaire sous leur angle théorique et pratique (« Conflits armés et violences » par M. Debos ; « Migrations et exils » par H. Thiollet). Puis, dans la seconde partie de la séance, Hélène Thiollet et Giulia Scalettaris traiteront, à partir de cas d’études (en Afghanistan notamment), du volet humanitaire du séminaire, en s’intéressant aux camps de réfugiés et aux pratiques du HCR (Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies).
Séance du 11 janvier : « Entre exil et expulsion : circulation, contrôle, action collective », séance coordonnée par C. Lecadet, avec M. Agier, L. Tassin et D. Véron
Cette séance tentera d’envisager les effets des dispositifs institutionnels qui, à l’échelle nationale et internationale, forment les politiques dites « migratoires », sur les itinéraires, les stratégies de regroupement et d’action des étrangers dans l’exil, mais aussi lorsque ceux-ci sont confrontés à l’expérience de l’expulsion. Face aux dispositifs de contrôle, d’enfermement et d’expulsion, quels contrefeux les aventuriers, les immigrés irréguliers, les étrangers enfermés, les expulsés, parviennent-ils à mettre en place ? Que peuvent-ils encore faire valoir, quelles formes d’association, d’ancrage arrivent-ils à constituer pour contourner et/ou mettre en cause les contraintes qui pèsent sur leurs déplacements ?
Michel Agier, anthropologue, directeur d’études, EHESS/IRD, « Gaza Hospital. Enquête sur un squat de réfugiés et migrants à Sabra (Beyrouth, Liban) »
Michel Agier présentera les premiers éléments d’une enquête sur la formation d’un lieu cosmopolite, un ancien hôpital devenu un squat dont l’histoire déjà ancienne (25 ans) l’associe autant à celle des réfugiés palestiniens et des guerres qu’ils ont traversées, qu’à celle des travailleurs migrants d’Afrique ou d’Asie, ou à celle des plus récents réfugiés syriens. Au-delà des questions d’appropriation et de contrôle d’un espace précaire et au croisement de plusieurs logiques migratoires, ce sont les thèmes plus généraux de l’exclusion, de l’enfermement et de l’invention de lieux habitables qui sont concernés.
Clara Lecadet, post-doctorante associée au Ceaf, EHESS, « De Bamako à Yaoundé, rêves d’unité des associations d’expulsés »
Cette présentation vise à rendre compte de l’émergence d’un mouvement propre aux expulsés en Afrique. Dans le sillage de l’initiative pionnière de l’Association Malienne des Expulsés, créée en 1996 à Bamako, d’autres associations se sont créées au Togo et au Cameroun, qui font de l’expérience partagée de l’expulsion une source de mobilisation et d’action collective. Ancrées dans des contextes politiques différents de celui qui a permis à l’AME d’acquérir une relative notoriété sur la scène publique malienne, elles voient leur champ d’action limité et leur visibilité dans l’espace public restreint. Pourtant, l’essor de mobilisations transnationales en faveur de la libre-circulation et contre les expulsions, donne ponctuellement une résonnance commune aux revendications de ces associations d’expulsés, leur permettant de dépasser les contraintes politiques qui pèsent sur elles et d’affirmer leur désir d’unité.
Louise Tassin, doctorante, Université Denis Diderot Paris 7, « Vent de fronde en rétention. De Paris à Lampedusa, la fragile mobilisation des étrangers en instance d’expulsion. »
Depuis les années 2000, des mouvements de protestation ont éclaté dans de nombreux lieux de détention pour étrangers dans l’Union européenne. Dans quels buts, sous quelles formes et avec quels moyens des personnes retenues en viennent-elles à contester des institutions destinées, selon les textes, à leur prise en charge administrative sur un temps court ? A travers la mise en perspective de deux épisodes contestataires en France et en Italie, cette communication entend réfléchir aux ressorts, aux effets et au sens de ces mouvements qui, par leurs motifs autant que par les réactions qu’ils suscitent, éclairent le fonctionnement du dispositif dans lequel ils prennent forme.
Daniel Véron, doctorant, Université Paris Ouest Nanterre, « Formes de résistance des sans-papiers : affects, tactiques, parole »
Les sans-papiers sont avant tout affectés par tout le dispositif répressif engagé à leur encontre. Rage, violence, honte, désespoir... la clandestinité marque les corps et les psychés. Mais aussi bricolages, ruses, contournements : des tactiques (au sens de de Certeau) qui doivent se comprendre comme une rationalité, non pas instrumentale, mais adaptative et transitoire, impliquant un perpétuel ajustement aux évolutions de ce dispositif. Enfin, au travers de la mise en récit de l’expérience affective et de la réflexivité vis-à-vis des tactiques, s’élabore une parole, autonome et proprement politique.
Bibliographie indicative :
Agier M. et Prestianni S. (2011), « Je me suis réfugié là ! » Bords de route en exil, Paris, éd. Donner lieu.
Barron P., Bory A., Chauvin S., Jounin N. & Tourette L. (2011), On bosse ici, on reste ici ! La grève des sans-papiers : une aventure inédite, Paris, La Découverte.
De Certeau M. (1980), L’Invention du quotidien, 1. Arts de faire, Paris, Gallimard.
De Genova N. et Peutz N. (eds) (2010), The Deportation regime. Sovereignty, Space, and the Freedom of Movement, Durham & London, Duke University Press.
Foucault M. (1994), « Le sujet et le pouvoir », Dits et écrits, tome IV, Paris, Gallimard, p. 222-243.
Lecadet C. (2012), « From migrant destitution to self-organisation into transitory national communities : the revival of citizenship in post-deportation experience in Northern Mali », in Anderson B., Gibney M. et Paoletti E. (eds), The Social, Political and Historical Contours of Deportation, New York, Springer.
Rodier C. et Saint-Saëns I. (2007), « Contrôler et filtrer : les camps au service des politiques migratoires de l’Europe », in Chetail V. (dir.), Mondialisation, migration et droits de l’homme : le droit international en question, vol. II, Bruxelles, Bruylant, p. 619-663.
Siméant J. (1998), La cause des sans-papiers, Paris, Presses de Science-Po.
Véron D. (2010), « Sans-papiers : d’un quotidien tactique à l’action collective », Variations, n°13/14 http://variations.revues.org/182
Véron, D. (2011), Travailleurs, vos papiers !, ouvrage collectif signé Iana Mar, Libertalia, Paris.
Séance du 8 février : « Enjeux fonciers et environnementaux des conflits et de la sécurité », séance coordonnée par J.-P. Chauveau, S. Makki et S. Rolland, avec A. Baczko et L. Gay.
Séance du 8 mars : « Milices et corps armés », séance coordonnée par R. Bazenguissa et C. Deslaurier.
Séance du 12 avril : « Gouverner entre guerre et paix », séance coordonnée par M. Debos et M. Naepels.
Séance du 17 mai (! attention, date exceptionnelle !) : « Confinement et mobilité dans les camps », séance coordonnée par M. Agier, avec A. Horstmann.
Références bibliographiques générales :
Agier M. (dir.), Politiques de l’exception. Réfugiés, sinistrés, sans-papiers, éd. Tétraèdre, Le sujet dans la cité, Actuels n° 1, janvier 2012.
Duffield M., Global governance and the new wars : the merging of development and security, Londres et New York, Zed Books, 2001.
Hassner P. et Marchal R. (dir.), Guerres et sociétés : Etats et violence après la Guerre froide, Paris, Karthala, 2003.
Kaldor M., New and Old Wars : Organized Violence in a Global Era, Stanford (CA), Stanford University Press, 1999.
Le Pape M., Siméant J., Vidal C., Crises Extrêmes. Face aux massacres, aux guerres civiles et aux génocides, Paris, La Découverte, 2006.
Richards P. (ed.), No Peace, no War : an anthropology of contemporary armed conflicts. In memorium Bernhard Helander, Oxford et Athens, James Currey et Ohio University Press, 2005.
Taussig M., Law in a lawless land. Diary of a limpieza in Colombia, Chicago, Chicago University Press, 2003.
Mots-clés : Développement, Migration(s), Spatialisation, territoires,
Aires culturelles : Afrique, Arabe (monde), Contemporain (anthropologie du, monde), Europe, Méditerranéens (mondes),
Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)
Mentions & spécialités :
Étude comparative du développement
(Séminaire de recherche M2S3 M2S4)
Histoire et civilisations
(Séminaire de recherche M2S3 M2S4)
Territoires, espaces, sociétés
(Séminaire de recherche M2S3 M2S4)
Intitulés généraux :
Centre : CEAf - Centre d’études africaines
Direction de travaux d’étudiants : sur rendez-vous uniquement par courriel.
Niveau requis : étudiants en master 2 et plus.
Adresse(s) électronique(s) de contact : michel.agier(at)ehess.fr, christine.deslaurier(at)ird.fr