Journée d’étude clôturant le séminaire de l’année 2010-2011
Objets et pratiques esthétiques
Jeudi 18 mai 2011 9.30 - 17.00
Université de Toulouse Le Mirail, Maison de la recherche
Cette journée d’étude vient clôturer le séminaire « Objets et pratiques esthétiques » qui s’est attaché à questionner les possibilités d’une approche ethnologique des arts - musique, danse, théâtre, métiers d’art - et à intégrer également la dimension esthétique d’objets et de pratiques associés à des techniques et à des rituels - chants, tissage, cuisine, parure - aujourd’hui saisis dans la dynamique des mouvements contemporains qui affectent les individus (migrations, tourisme, circulations, métissages) et leurs productions (commercialisation, muséalisation, patrimonialisation, etc.).
Organisation :
Catherine CHORON-BAIX, directrice de recherche au CNRS - IIAC/LAU, Paris
Patrizia CIAMBELLI, conservatrice au musée ATP, Rome
Annie PARADIS, ingénieur d’études à l’UTM, Toulouse
Claudine VASSAS, directrice de recherche au CNRS, Toulouse
PROGRAMME
matin 9.30 - 12.30
Discutants : Annie Paradis et Stéphane Rennesson , IIAC/LAU (CNRS-EHESS)
Introduction par Catherine Choron-Baix (CNRS - IIAC/LAU)
Olivier Féraud, IIAC/LAU (CNRS-EHESS), Paris
Portraits de voix. Approche intime et collective de l’acte de voix
Au delà de la dimension linguistique, portée par la parole, la "vive voix"est avant tout un acte sonore par lequel l’individu met en avant une intention de communication. En partant du rapport intime que l’individu entretient avec sa propre voix, le portrait-témoignage dessiné de concert par la personne interrogée et l’ethnographe, s’ouvre sur des aspects anthropologiques plus larges relatifs à l’application de l’acteur vocal dans son environnement sonore et social. Il s’agira de présenter l’aspect méthodologique de cette approche et d’esquisser une analyse en pointant les descripteurs esthétiques que le témoignage permet de recueillir.
La présentation de cette recherche en cours sera précédée d’un aperçu de l’enquête dont elle est issue, réalisée à Naples de 2005 à 2010 et portant sur les stratégies de territorialisation opérées par les attitudes d’écoute et de production sonores des habitants d’un quartier populaire.
Marie Baltazar, CAS-LISST, Toulouse
Corps-à-corps. Aux risques de l’orgue : l’instrumentiste-instrumenté
Que se passe-t-il entre un musicien et son instrument ? Selon quelles modalités s’élabore la relation qui s’établit, afin que naisse la musique, entre l’instrumentiste et son instrument ? Dans le rapport singulier de l’organiste et de son orgue, du musicien et de sa « machine », le jeu et l’enjeu de la musique passe par la question du corps, ou plutôt, du contact entre deux corps. Dans notre société, l’exercice de la musique dite « savante », est perçu comme le résultat d’une maîtrise progressive de l’instrument par le musicien ; maîtrise assurée par l’acquisition d’un code, de règles, d’une technique, d’un jeu. Par des exemples venus de mes terrains, je montrerai comment les modes d’interprétation de la musique à l’orgue viennent gauchir cette représentation du musicien comme maître du jeu musical en faisant de l’instrumentiste non plus le musiquant, mais bien le musiqué…
Si l’instrument devient, en quelque sorte, le maître, que se passe-t-il ?
Après-midi 14.00 - 17.00
Discutantes : Patrizia Ciambelli et Claudine Vassas
Balladine Vialle CAS-LISST Toulouse
Nouer et transmettre « le beau », ici et là-bas
A côté de la fabrication de " tapis berbères " homologués, répertoriés, côtés comme des œuvres d’art, tant patrimonialisés que commercialisés perdurent dans le Moyen-Atlas les tissages amazigh, longtemps destinés aux seuls usages domestiques et rituels. Bien que non dénués d’une intention et d’une portée esthétique, celle-ci redéfinie en termes identitaires (dans l’espace de la migration et " au pays") conduit à poser sur ces objets un regard différent. L’exposé s’attachera à saisir les définitions variables et les rapports mouvants établis entre "beauté" et "valeur" (tant esthétique qu’affective) à partir des discours tenus et des usages observés dans l’espace privé et public ici et " là-bas ".
Sophie Brones, IIAC/LAU (CNRS-EHESS), Paris
La Mission photographique de Beyrouth (1991) : une esthétique des ruines de la guerre
Mon exposé a pour objet des images des ruines du centre ville de Beyrouth produites par les photographes de la Mission photographique de Beyrouth en 1991. Je m’attacherai à décrire les questions que suscitent ces photographies dans le contexte du travail de mémoire actuellement à l’œuvre au Liban à la lumière des pratiques patrimoniales et des pratiques artistiques contemporaines. Il sera également question de la construction et des apports d’un regard anthropologique sur ces images et sur les pratiques photographiques.