Jeudi 16 Mai 2013 de 15h00 à 17h00
salle 11 , 105 Boulevard raspail 75006 PARIS
La fabrique d’un usager idéal ? Evaluation morale et contrôle de la "clientèle" : l’exemple des guichets de préfectures
Discutant : Eduardo Rodriguez-Martin
La présente contribution est consacrée à la description d’un « monde de l’administration ». Elle s’intéresse, plus précisément, à l’activité de travail des fonctionnaires au guichet d’une préfecture, celle de ceux que l’on a appelés à la suite de l’ouvrage de MichaelLipsky : les « street level bureaucrats », c’est-à-dire les travailleurs qui sont quotidiennement en contact avec le public. L’ensemble des matériaux recueillis se fonde sur une enquête ethnographique menée au sein de deux préfectures françaises selon la méthode dite de l’observation participante. Au cours de cette enquête des observations ont été mené à l’intérieur de trois services administratifs : ceux de la Réglementation (il est composé du bureau en charge de délivrer des permis de conduire et du bureau des cartes grises) et celui en charge des Étrangers (premières demandes d’admission au séjour, renouvellement de cartes de séjours et dépôt des demandes d’asile). En suivantl’activité de travail des « street level bureaucrats », l’auteure va s’appuyer sur les formes les plus ordinaires de la rencontre au guichet. Les analyses s’attachent à décrire les scènes auxquelles donnent lieu ces rencontres, et à mettre en lumière le travail d’enquête qui s’y élabore et le travail normatif qui s’y trouve ainsi déployé.
Sabrina Melenotte (Doctorante IIAC/LAIOS)
L’après-massacre d’Actéal et le temps des victimes : enjeux catégoriels et concurrence des acteurs à San Pedro Chenalho (Chiapas, Mexique)
Discutant : Riccardo Ciavolella
Cet exposé se concentrera sur deux chapitres importants de ma thèse qui portent sur le massacre d’Actéal qui eut lieu le 22 décembre 1997 dans la municipalité de Chenalho (région de Los Altos, État du Chiapas, Mexique) et sur "l’après-massacre". Il s’agira de saisir quelques uns des enjeux de l’interprétation postérieure au massacre. Celle-ci se fit en deux temps : lors de l’immédiat "après Actéal" qui fut marqué par l’emprisonnement des "auteurs matériels" et la diffusion de la version des survivants dans l’opinion publique depuis des sphères non-institutionnelles ; puis lors de la révision de l’affaire Actéal, dix ans plus tard, par un ensemble de nouveaux acteurs qui ont produit une nouvelle version du massacre qui s’accompagna de la libération de presque tous les accusés. Cette révision va introduire une nouvelle version du massacre ainsi que de nouvelles catégories de victimes qui vont entrer en concurrence avec les premières, et interroger dans le même temps l’utilisation locale de normes produites par le système de justice mexicain en profonde transformation.